A l'Ouest du Pecos
Rubrique Textes

page 2
page précédente
page suivante

Il faut se méfier des gens !
17 juillet 2011

L’autre jour je rencontre dans la rue un ami qui sans préambule, sans me saluer aucunement me demande tout de go :
- Tu peux me donner l’heure ?
Ce n’est pas tant le ton et la façon abrupte de m’aborder qui m’estomaquèrent mais le contenu même de la question.
Je lui répondis :
- Te prêter l’heure je puis, te la donner que nenni !
- Vas donc, prête-moi l’heure, me dit-il avec un sourire pincé que je feins d’ignorer.
- Neuf heure et quarante-quatre minutes pour te servir !
- 9h44, parfait, parfait, répondit-il en réglant son horloge bracelet. Et il s’en va.
- Attends, ne m’emportes-tu rien ?
- Que vous emporterais-je ?
(1)
- Je viens de te prêter l’heure, il me semble. La correction, la civilité et la plus élémentaire politesse qui te font apparemment défaut, exigent que tu me la restitues maintenant que tu en as fait amplement usage !
- Tu... tu plaisantes ?
- Aucunement !
- Hé bien soit et restons en là : 9h45 ! Je pense que nous sommes quittes ?
Et sans attendre ma réponse, il reprend sa promenade avec ce pas de mécréant et de goujat que jusqu'alors je ne lui connaissais pas.
Voyez-vous donc : on prête simplement et gentillement des choses qui nous appartiennent en propre, sans arrière pensée, sans calcul, simplement pour le plaisir de rendre service à un ami et celui-ci vous les rend dégradées, souillées, falsifiées, tronquées et sans aucun scrupule s’en va tout tranquillement, sans s’excuser, sans même un simple merci ! Ce qui ne lui coûterait guère, n’est-ce pas ?
Ayez donc des « amis » ! Méfiez-vous des gens qui se prétendent vos amis.
Si l’un deux, un jour, vous demande de lui prêter l’oreille, méfiez-vous, méfiez-vous !


Ceci me rappelle une cocasserie dessinée due au dessinateur Carali que j’aime beaucoup : lors d’un congrès de vampires (non non, pas une réunion du FMI, de vrais vampires avec capes et crocs, des gentils quoi)... donc lors de ce congrès, l’orateur dit : « Mes amis, prêtez-moi l’oreille ! » et dans la foule assemblée devant lui, une voix lui répond : « C’est pour emporter ou pour sucer tout de suite ? »
Humour fin et délicat n’est-ce pas ?
J’en ris encore, haha et c’est sur cette note de gaieté que je vous laisse !

(1) Deux petits vers de Molière ( L ‘avare, Acte I scène 3 ) qui se sont subrepticement glissés dans mon texte !

 
Haut de page

En guise de préambule...
18 juin 2011

En guise de préambule à ce qui va suivre...

...heu, juste une précision avant de poursuivre...

Notez bien que "préambule" et "à ce qui va suivre" forment ce que les linguistes distingués appellent un pléonasme; un préambule, par définition, vient avant ce qui suit ( ou précède ce qui vient après... )
Il existe aussi des linguistes pas distingués du tout, de vrais cuistres, des êtres infâmes qui n’ont de cesse d’étaler au grand jour la fange qui leur tient lieu de culture et donc on se fout un peu de leurs avis à ces drôles !
Il y a aussi des noctambules, des marchands ambulants et des gus coinçant la bulle, mais ceux-ci n’ont absolument rien à voir avec le sujet présent et qu’ils viennent avant ou après ceci ou cela, ça n’intéresse que les amateurs d’histoires à dormir dehors ou à coucher debout qui sont légions en ce bas monde et qu’on priera d’aller prier ailleurs car ce qui nous occupe présentement est un sujet sérieux ! ( non mais ! )

Donc. . . si l’on veut causer "correc" le bon françois bin de chez nous on évite, dans la mesure du possible, de faire des pléonasmes ( même si ça fait chic de le dire )

Je reprends donc...
En guise de préambule, à ce qui va suivre...

...hum...

Notez bien que j’insiste un peu, mais il faut préciser que l’on peut dire, si on le désire "préambule à..."
... à mon exposé sur les nouilles vertes de Papagonie !
... à ma rédaction de début d’année scolaire "racontez vos vacances à Popoder (29N) ou à Borgne-les-Mirettes sur une feuille à grands carreaux, merci de laisser une marge (Simpson) pour les annotations de votre professeuse au teint hâlé qui cette année est allée et revient d’Ibizou"
... ou encore, préambule à ma thèse sur les saltos arrières en tutu couleur bonbon que m’a offert ma nounou ( elle est un peu cucul comme nana ).

En guise de préambule, donc...

D’un autre côté, on s’en fout un peu, on peut pléonasmer comme des fous, c’est pas trop grave, on ne meurt jamais d’inculture linguistique. Sinon, imaginez un peu les cimetières peuplés (!) de tous ces gens de la télévision et de ces ados boutonneux ( à cause des boutons de leurs bidules électroniques qui crament les neurones )
Et puis c’est chiant ces gus qui vous reprennent à tout bout de champ pour une malheureuse petite incorrection de langage.
Mais on peut toujours trouver une parade : prenons le déjà fameux "descendre en bas"
Qui vous empêche de répondre à ces fiâsses linguistico-paranoïdes qu’on peut très bien descendre en chaussettes et que les bas c’est très bien aussi ?
On peut aussi descendre en bas et remarquer qu’il faut les remonter, ces foutus bas. On peut aussi remonter chercher ses chaussettes pour les descendre dans le panier à linge sale ( pousse-toi le chat... qui s’est endormi sur le châle et le fichu qui était sale, le châle est fichu maintenant, le chat s’étant fichu dessus
(1) ) et remonter en bas ( s’ils sont secs... comme du linge pas comme un chaucisson sec )... Finalement il vaut mieux être un va-nu-pieds car tous ces allers-retours pour des bas ça nous rend bien las quoi ! Bah !

Donc... en guise de préambule...

Vé, vé, vé...

Je disais donc... heu...

...

Heu... désolé, je crois bien que j’ai oublié le sujet de ma causerie, vi vi ça arrive.
Bin sinon y pleut, fait pas chaud pour la saison non plus...

Heu... bin salut quoi...

(sort en catimini...)

(1) oui, je sais... je ressors mes jeux de mots lamentables sur le fichu et le châle (Déjà dans La ballade du fichu)

 
Haut de page

Pour éviter de se marcher sur les pieds...
18 juin 2011

Pour éviter de se marcher sur les pieds, ici et ailleurs, avec la ferme intention de refuser tout plat ne comportant pas le potage réglementaire, et avec parcimonie essuyer la grande lampe à pétrole qui refuse de donner l'heure en hiver sauf les jours où grand-mère joue du ukulélé parce qu'elle a des mangeurs de lune dans les oreilles, je ne dirais qu'une chose : que le vent souffle encore entre les omoplates de la grande faucheuse pour peu qu'elle soit réceptive au son du clairon et au yaourt bulgare avec des morceaux de dents !
Mais tout cela ne serait rien sans le bol de riz quotidien du siffleur de verres de la gare St Lazare qui un jour a dit un truc très bien mais que tout le monde a oublié tellement c'était pas évident car chanté en anglais avec l'accent du Périgord, c'est à dire en russe de basse-cour car basé sur les théories un peu froufroutantes d'un bouquin pas très connu et pas vraiment passionnant du Père Igor. Celui-là même qui les jours de marché préférait battre la campagne en compagnie de sa compagne, ou l'inverse. Les us et coutumes d'un cosaque périgourdin laisse parfois pantois et oblige en général tous les académiciens à se rendre aux toilettes nocturnes en bande de trois ou quatre. Des files de petits vieux brandissant des poissons-chats sur un air de Java c'est quelque chose qu'il faut avoir vu, même si ce n'est pas vraiment la chose la plus palpitante à voir.
La chose la plus palpitante à voir et à revoir étant, comme chacun le sait ou devrait le savoir, la douce Elodie en bikini à 15 francs acheté un jour de printemps 42 à la Samaritaine qui vend aussi des vélos et des stylos à roulette - pas russe la roulette, plus comme celle de mon dentiste qui, lui, a acheté un vélo avec un cadre en fil de fer barbelé. Il y a des gens bizarres dans tous les milieux, plus encore chez les dentistes unijambistes amateurs de vélocipède.
L’idéal serait… mais non ce n’est pas vraiment ça, vous le savez bien, encore un coup dans l’eau mon capitaine. Trois à zéro et le vent se lève et fout le camp tout énervé par ce qu’il a vu. Il n'est pas fou lui. C’est juste le vent. Il ne demande rien, il siffle et souffle, rien de plus. Rien de moins non plus. La pluie c’est bien plus compliqué, mais bon c’est pas le sujet non plus, hein ?
Tout ça pour vous dire, mes chers camarades de la confrérie des livreurs de pizzas en tutu, qu'il faut faire attention, bien attention, à savoir où on met les pieds qu'on soit Russe ou du Périgord (ou Breton, à la rigueur, personne n'étant parfait)

 
Haut de page

Pot de fleurs
18 juin 2011

Je me souviens bien de l'histoire de ce type revenu de la guerre d'Algérie (ou d'une autre, elles sont toutes semblables, les blessures secrètes et les fêlures de l'âme sont les mêmes) qui pour calmer ses angoisses et pour donner un sens à ce qui n'en avait pas, peignait des pots de fleurs en rouge. Des pots de fleurs vides, sans terre ni graine ni rien du tout, juste de la grosse peinture rouge sur la terre cuite. Des tas de pots, des grands et des petits dans toute sa maison, dans son jardin, dans une serre. Il ne voulait rien planter, juste peindre ses pots de fleur (les fleurs il ne savait plus ce que c’était)
C'était son oeuvre, son truc à lui et à personne d'autre. Certains pourront dire moi je vais faire un truc idiot comme ça, comme collectionner des balles de ping-pong écrasées et les envelopper dans du papier alu ou du papier journal et en remplir des piscines vides ou des voitures ouvertes en plein été.
Très bien, c'est très bien de le dire... mais c'est facile, trop facile. Alors que l'autre, le fêlé avec ses pots de fleur en terre cuite, vides, peints d'une peinture rouge vif, il l'a fait lui. Mais finalement pas si fêlé, plutôt poète ou extraterrestre, ou un autre truc du même genre, un truc pour faire comme si, même si on sait que cela ne sera jamais comme. Peut-être un pot de fleur réincarné, son âme à lui est restée là-bas en Algérie sur la terre rougie... et là-bas ce n'était pas de la peinture, pas du cinéma...

C'est une histoire vraie (même si j'ai rajouté quelques détails saugrenus c'est une histoire vraie)

Haut de page
page précédente
page suivante
A l'Ouest du Pecos
© 2004-2011 ouestdupecos at free point fr