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Il
est festin petit navire
4
octobre 2006
-
Je suis Papou et j’en suis fier ! m’avoua un jour un ami alors que nous
déjeunions dans un grand restaurant parisien chic, à la
mode et tout et tout.
- Et moi qui te croyais petit ramoneur plein de suie, tu m’as trompé,
tu m’as menti ?
- J’en suis pataprement désolé, dit-il en baissant les
yeux, la tête entre les jambes et les pieds sur la table.
Les
convives de ce grand festin donné en l’honneur des boitas sardines
à verrouillage systématique et auquel nous étions
conviés en tant que conseillés atristiques, nous regargaient
du haut de leur œil vitreux (monoclés pour les plus riches ou
les plus fous)
-
Laissons-les, dis-je alors à mo nami, pour le rassurer quelque
peu malgré les claques et les coups de torchons qui pleuvaient
à présent sur nos têtes. Explique-moi plutôt
!
- En fait c’est parce que j’aime Catherine de midi pile qui est encore
en retard à notre goûter…
- Je ne vois pas le rapport, ajoutais-je en évitant un poisson
violent.
- Moi non plus, mais Papou ou ramoneur tu n’aurais mangé tout
cru et tu sais que je déteste cela…
A
dire vrai il n’avait pas tort, mais que vaut l’amitié quand l’estomac
crie famine du haut de son minaret, planté comme un sergent pépère
au milieu de la table de la salle à manger ?
Et
la salle a mangé !
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Stand
on tiptoe
17
janvier 2004
Through
the window,
Stand on tiptoe,
I saw a widow,
Crying on the pillow,
Like a deep willow...
Traduction
approxima Centauri, 4,22 a.l. :
A travers
la fenêtre,
Debout sur mes gambettes,
J'ai vu une nonnette,
Pleurer sur ses socquettes,
Comme une épuisette.
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Emily
n'aimait pas les araignées !
17
janvier 2004
Qu'il
est doux le chant de l'araignée,
Le soir au fond des caves poussiéreuses.
Même les gentilles mouches se laissent séduire !
La lumière éteinte, ses yeux rouges dans l'obscurité,
Me font comme deux foyers brûlants,
Un baume au coeur...
"Il faut
que je remonte maintenant !"
Que je réapparaisse à la surface
Que je montre mon minois dans le monde des hommes...
De la femme...
Emily va encore me faire une scène.
Serait-elle jalouse ?
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Le
vieillard
11
janvier 2004
C'est
ici ma ruine !
Mais c'est sur cette ruine,
Retrouvant mon ardeur,
Jours et nuits travaillant sans peine,
Que je rétablirai mon honneur.
Je repeuplerai mon royaume
Le royaume des gueux, des sots,
Celui des vieux, des manchots.
Ainsi à la nuit de ma vie,
Regardant mes os jaunis,
De mes mains, mon visage la pâleur,
Je serai serein, triste mais fier.
Tel un noble vieillard je vous dirai enfin :
" J'ai reconquis mon royaume
D'entre vous tous je suis devenu un homme "
Et c'est seulement dans le froid de la mort qui survient
Que je pourrai savourer mon inégalable bonheur.
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Petit
matin d'été
1er
janvier 2004
La cafetière
rouge et cabossée, tout excitée, trépigne d'impatience
sur le poêle tout fumant. Le lard et les oeufs crépitent
de joie dans la graisse noire et brûlante. Les tranches de pain
sautent et ressautent du grille-pain malicieux qui joue avec elles.
Le petit pot de lait en porcelaine fleurie, tout rondouillard, tout
mignon, tout plein de lait les regarde et s'amuse et rit de son rire
enfantin. La gourmande confiture fait joyeusement tinter sa cuillère.
La grosse motte de beurre, elle, assoupie, comme à son habitude,
à son aise dans son assiette ébréchée, attend
qu'on s'occupe d'elle.
Dehors les piaillements des oiseaux annoncent les premières lueurs
de l'aube. Une cloche sonne au loin.
Dans la cuisine
où s'affaire déjà la mère, la grosse horloge
ticquetacque impassiblement. Le père descend enfin. Ils ne se
parlent pas. A quoi bon. L'habitude sans doute. Ils sont seuls et vieux,
vieux et seuls ça va de paire. Le temps n'a plus de prise sur
eux. ( Il y a bien longtemps que les garçons sont partis à
la ville, pour "faire des études" comme on dit. Et
ils se sont mariés. Et ainsi va la vie... )
Ils mangent en silence puis se préparent tranquillement. Les
pâturages et les champs ne sont pas bien grand et ils sont seuls.
-" Le coq n'a pas chanté c'matin", une fois d'plus
", dit soudain le père.
Pourtant il l'a maintes et maintes fois prévenu. Il finira ce
soir dans la marmite, déplumé et saigné. On ne
plaisante pas avec les décisions du vieux.
Il part aux champs. Elle reste à la ferme. Faut sortir les bêtes.
Nourrir la basse-cour. Et tout le reste.
Les petits
poissons sautillent dans les ruisseaux. Toujours à frétiller
ceux-là, dans l'eau ou dans une casserole. C'est pareil et c'est
tout simple, ils sont mangés par les hommes ou les oiseaux. Pas
par les chats, les chats sont trop peureux, les chats n'aiment pas l'eau,
les chats aiment le soleil, les chats aiment les caresses, alors quand
le soleil les caresse, ils sont heureux. Les pêcheurs prennent
leur temps aussi, le temps rien qu'un mot pour ceux qui vivent près
de la terre.
Tout ce petit
peuple des champs et des bois s'éveille. Hommes et bêtes.
Ce sera une belle journée aujourd'hui. Une tranquille journée
d'été...
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