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Il
était si petit...
18
juin 2011
Il était
si petit, si maigre et si vilain.
Et l’autre était grand,
L’autre était fort et beau.
Toutes les filles rêvaient de s’endormir sur sa poitrine duveteuse
de plusieurs mètres carrés,
Elles s’y seraient tenues à deux ou trois.
Il était si petit,
si maigre et si vilain.
Et l’autre était grand,
L’autre était fort et beau.
Il le tapait de toutes ses forces,
Sur sa tête grossière et chauve.
A peine quelques cheveux.
Ça faisait bing et bang,
Ça sonnait creux.
Il était si petit,
si maigre et si vilain.
Et l’autre était grand,
L’autre était fort et beau.
Il le faisait chuter en accroche-pied,
Dans la boue, quand c’était la saison.
Pour sa pitance on le laissait manger les cafards,
Et les petits pucerons
Mais le pire...
Le pire c’était les autres,
Ses frères,
Ses compagnons de misère,
Si petits, si maigres et si vilains,
Qui riaient tant qu’ils pouvaient de le voir si maltraité.
Ils riaient !
Ils riaient...
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Cyniquement
vôtre !
18
juin 2011
J'ai
toujours su (aussi loin que porte ma mémoire) que j’étais
prédestiné aux monte-charges !
Alors
que certains s’évertuent encore à s'époumoner en
grimpant coûte que coûte des escaliers tortueux et sales,
Que d’autres pensent avoir atteint le summum de l’escalade, coincés
dans des ascenseurs étriqués et poussifs,
Et qu’enfin les moins chanceux ou les plus paresseux ou les plus laids
finissent au bout d’une corde de chanvre indien, j’ai pour ma part opté,
avec délectation, sagesse et détermination, pour les monte-charges.
Le
mien, cossu et douillet, ouaté comme un nid, posséde de
nombreux avantages.
Sa robustesse et sa puissance me portent de mes pieds à mes yeux
loin, bien loin de toute cette fange crasseuse et de ces fourmis ignorantes,
puantes et imbues.
Aménagé
avec soin, sans chichi ni luxe tape-à-l’œil, de cet espace privilégié,
assis dans un bon fauteuil, bercé par une quiète musique,
fumant pipes, cigares et herbes folles, armé d’un bon fusil,
je contemple et je ris de bon cœur, voyant s’agiter sous mes pieds cette
triste, molle et mortelle humanité.
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A
l'aube les tourtereaux
11
octobre 2006
Ils
se sont fiancés à l'aube
Dans un coin retiré
A l'abris des regards
Dans une petite venelle
(c’était à Recouvrance)
Même les chats non rien vu.
Ils avaient couru toute la nuit durant
Sous la pluie battante
Sautant dans les flaques
Et s'éclaboussant de bonheur.
En sueur sous la pluie
Chaud dedans, au cœur
Trempés jusqu'aux os
Humides de douleur
Soufflant et exultant
Riant chacun leur tour
De l'eau sur leur frimousse
Et dans leur cou.
Ils se sont
endormis
Sur un frêle esquif
Chassé par la marée
Oublié par hasard...
Peut-être ?
Mais croit-on au hasard
Quand on est amoureux ?
Et ces choses se savent
La nuit dans la ville grise,
Cette ville bâtie sur ses décombres
Où l’ombre suinte encore des murs.
Demain ils
s'uniront
Sous le réverbère-épouvantail,
Intermittent et bénévole malicieux
De la tristesse ou de la gaîté,
Qui sert aussi de chaudière l'hiver
Pour les goélands paresseux.
Les oiseaux ne verront rien
Ou si peu
Mais ils seront là, avec eux
Pour une parade nuptiale
Un chant d'amour...
Dans deux
jours, ils auront leur enfant
Né de la pluie et du vent,
De ce mélange glacial et humide
Mais tellement sain
Qu’on ne trouve qu’ici,
Sous le ciel nu piqué d'étoiles
Comme autant de petits hommes verts,
Ou bleus
Regardant par leur hublot
Comme matelots embarqués
Rêvant à leur dulcinée.
Toute la ville sait cela
Mais personne ne dit rien,
Se contente de rêver
A ces tourtereaux enlacés.
Plus tard
la nuit viendra
Celle qui tue
Celle avec qui on ne rit plus
Pour l'instant ils vivent
Pour l'instant...
C'est peu !
Mais c'est tellement !
Pour ceux qui savent aimer
Une seconde suffit à ce bonheur
Une seconde d'éternité.
En guise d’épilogue
:
Ici, la vie c’est la pluie qui l’égrène
En secondes légères mais bien vivantes.
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La
pluie
4
octobre 2006
La
pluie mouille ma bouche, ma joue
Le vent froid pique mes yeux, mon nez, mes lèvres.
Je serre les poings dans mes poches.
Il fait froid, je grelotte, je marche parmi cette foule
Ces passants pressés, nuée anonyme que je fends allégrement
Tel le vent entre les sorghos.
Le ciel est
gris, menaçant,
Il fait froid et je grelotte,
Mais je suis joyeux !
Ce froid me ranime,
- je suis bel et bien vivant -
Me presse vers toi mon Amour !
Je me réchaufferai entre tes bras, en ton sein,
Ma douce, ma tendre...
Mais lorsque
je sonne, tu n'es pas là, tu n'es plus là.
Je m'en retourne tristement
Il fait froid, je grelotte et je serre les poings dans mes poches.
Triste journée en vérité !
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